Les conditions de vie des populations vivant à Kigulube, Issava, Nyalubemba, Evary et Lubimbe, des entités encore accessibles par voie routière dans le territoire de Shabunda au Sud-Kivu, se dégradent davantage.
En effet, aucun véhicule n’a réussi à atteindre ces entités malgré la mesure autorisant la reprise du trafic routier entre Bukavu et Shabunda par le Gouverneur de la province du Sud-Kivu sous l’APC/23.
Des sources sur place indiquent que depuis l’annonce de cette mesure, les véhicules qui quittent Bukavu avec à leur bord des marchandises et autres biens s’arrêtent uniquement au niveau de Nzibira, dans le territoire de Walungu, ou encore à Tchulwe, une entité de la chefferie de Nindja, mais stratégique pour contrôler la route menant vers Shabunda, actuellement sous le contrôle des troupes de l’AFC/M23.
En clair, les transporteurs, les conducteurs de taxi-motos sur cet axe et toute autre personne qui voudrait se rendre dans la zone n’ont d’autre choix que de s’arrêter dans les zones sous contrôle de l’AFC/M23.
Les mêmes sources indiquent que dans les entités contrôlées par les Forces Armées de la RDC et les troupes Wazalendos, aucun accès n’est autorisé pour les engins en provenance des zones considérées comme ennemies.
Bien plus, aucune sortie des véhicules, motos et tout autre engin n’est autorisée vers ces zones, se plaignent des usagers contactés par la rédaction de votre radio sous couvert d’anonymat.
Ce blocus place les habitants de ces zones dans une sorte d’asphyxie. En effet, les marchés de biens de première nécessité et les boutiques restent vides, les hôpitaux manquent d’intrants pour la prise en charge des malades et les officines pharmaceutiques sont presque à sec.
Des témoins sur place indiquent que pour avoir du sel, par exemple, les commerçants les plus courageux sont obligés de quitter Kigulube et de faire le trajet à pied pendant plus de cinq jours pour s’en procurer à Chifunzi ou à Chaminunu dans le groupement de Kalonge, en territoire de Kalehe.
Pour retourner et faire arriver les produits chez eux, ces commerçants transportent les bagages à tête pour 6 000 FC par kilogramme, juste pour atteindre d’abord les centres comme Lubika ou Kiluma, situés à plus ou moins 20 km de Kigulube.
Sur ce trajet, témoigne un opérateur contacté, ces commerçants doivent aussi faire face à plus de sept barrières illégales érigées par des combattants armés, et le montant à payer sur chacune d’elles varie entre 2 000 et 7 000 francs congolais.
Alors qu’avant, un verre de sel pouvait s’acheter à 2 000 FC, il faut désormais 10 000 FC pour s’en procurer à Kigulube. Même chose pour une tige de savon qui coûtait 5 000 FC, mais se vend aujourd’hui à 15 000 FC, tout comme un kilogramme de farine qui se négocie entre 5 000 et 7 000 FC congolais.
Un défenseur des droits humains rapporte une hausse du taux mortalité dans les hôpitaux et centres de santé de la place suite à la rupture des médicaments. La plupart de ceux qui meurent sont ceux-là qui souffrent de la malaria mais qui n’ont pas de possibilité de trouver les médicaments essentiels, indique-t-il.
Le dernier convoi d’une moto transportant quelques cartons des médicaments a été interdit de traverser la zone occupée par les combattants Wazalendo rapporte pour sa part un responsable d’une structure sanitaire contacté
Des défenseurs des droits humains de la place et d’autres acteurs de la société civile continuent de tirer la sonnette d’alarme sur la situation de misère imposée aux habitants, appelant ainsi les autorités à s’impliquer pour l’ouverture d’un couloir humanitaire afin de permettre que la population soit ravitaillée.
Par Étienne Mulindwa