Donat Kengwa Omari, commandant du groupe Forces Populaires de Paix, une
structure d’autodéfense constituée de plusieurs groupes Mai Mai Raiya Mutomboki,
vient d’être condamné à mort pour crimes contre l’humanité par le Tribunal Militaire
de Garnison de Bukavu siégeant en chambre foraine à Walungu.
Son complice Amani Ndeko Thierry pour sa part a été condamné à 10 ans de prison.
Le jugement a été prononcé dans l’avant midi de lundi 4 novembre 2024 après plus
de deux semaines d’instruction au cours des audiences tenues respectivement à Miti
dans le territoire de Kabare et à Walungu.
Dans son jugement, le Tribunal Militaire de Garnison de Bukavu reconnaît Donat
Kengwa Omari coupable des infractions de crimes contre l’humanité par viols,
esclavage sexuel, meurtres, tortures, disparition et autres actes inhumains.
Ces faits ont été commis dans plusieurs villages des territoires de Shabunda et
Kalehe entre 2017 et 2021 à l’occasion des attaques systématiques qui ont laissé des
centaines de victimes vivant dans le traumatisme les uns ayant perdu leurs êtres
chers et d’autres ne pouvant plus procréé ou utilisé convenablement l’un ou l’autre
membre du corps.
Considérant la cruauté des actes qu’il a faits subir aux victimes et ayant été chef de
tous les leaders ayant exercé au sein des groupes Raiya Mutomboki, le tribunal a
rejeté la demande des circonstances atténuantes au profit de Donat Kengwa Omari.
Précisons que pour le prévenu Amani Ndeko Thierry a quant à lui bénéficié des
circonstances atténuantes justifiées notamment par le fait qu’il avait adhéré au
mouvement par souci de vengeance après l’assassinat de sa mère et sa sœur.
Alors que 363 victimes s’étaient constituées parties civiles, le Tribunal n’en retiendra
que 301. Ainsi, les prévenus ont été condamnés solidairement avec l’Eta congolais à
payer des dommages et intérêts à chacune des victimes proportionnellement aux
préjudices subis.
Pour le Tribunal, l’Etat congolais est condamné pour avoir cédé une partie de sa
responsabilité à la population surtout lorsque le Gouverneur fait un appel exprès à la
population de se prendre en charge face à l’insécurité causée par les FDLR.
Pour les parties civiles, c’est un sentiment de satisfaction. Avocate au barreau du
Sud-Kivu et intervenant pour le compte des victimes, Me Germaine Bumbu pense
que ce jugement est une leçon pour d’autres seigneurs de guerre encore dans la
brousse.
De leur côté, les avocats de la partie défenderesse ont dit se plier à la décision du
tribunal promettant d’interjeter appel dans le délai légal.
Signalons que ces audiences ont été organisées avec le facilitation de Trial
International dans le cadre de la Task Force Justice Pénale Internationale, un réseau
coordonné par le Bureau Conjoint des Nations aux Droits de l’Homme BCNUDH et qui
regroupe des acteurs nationaux et internationaux oeuvrant pour la poursuite des
crimes les plus graves.