Le dialogue sur la menstruation et l’éducation sexuelle est considérée comme un tabou dans la communauté surtout en province du Sud-Kivu.
Ces questions ne sont pas souvent discutées clairement en famille dans la ville de Bukavu et dans différents territoires en province du Sud-Kivu.
Le manque d’un dialogue franc en famille sur ces questions reste un fléau et est à la base des grossesses précoces et avortements chez certaines jeunes filles de Bukavu et de différents territoires de la province du sud Kivu.
Sur cinq adolescentes que nous avons approchées quatre ont affirmé qu’elles n’ont jamais eu l’occasion de discuter avec leurs parents sur les questions liés à la menstruation.
Parmi ces quatre jeunes adolescentes, certaines indiquent qu’elles ont entendu parler de la menstruation pour la première fois chez les amies, d’autres à l’école et une parmi les filles que nous avons approchées confirme qu’elle a vu ses premières règles sans avoir une idée sur ce qui lui est arrivé.
« quand j’ai eu mes premières règles, c’était à l’église, je ne savais pas de quoi il s’agissait exactement mais j’ai vu autour de moi les gens me regardaient sans rien dire.
« une maman s’est donnée le courage de m’approcher et me donna son pagne elle ne m’avait rien expliqué et j’avais du mal à poser des questions.
Curieusement cette maman est partie informer à ma mère. Arrivée à la maison, ma mère m’appela dans sa chambre et me donna les linges hygiéniques pour m’en servir. Après elle m’a dit d’une voix basse tu as grandis sans beaucoup d’explication.
J’ai évolué et chaque mois j’avais mes règles et j’utilisais les linges que ma mère m’avait donnés. Quelques mois plus tard je n’ai pas revu mes règles comme d’habitude. Six mois plus tard j’ai posé des questions aux amies qui m’ont confirmé que c’est la grossesse et c’est là le début d’un cauchemar pour moi », explique Alphonsine Burume.
Maintenant la fille est mère de deux enfants et elle n’est pas mariée, elle n’a pas eu la chance de terminer les études.
Cette jeune fille n’est pas la seule à vivre cette situation, elles sont nombreuses et se sentent vraiment coupables et sont désorientées à cause d’une mauvaise communication concernant la menstruation
Cette ignorance a conduit plusieurs filles à des grossesses précoces et non désirées.
Pour l’organisation Uwezo Afrika, il faut briser le silence
Pour briser le silence l’organisation UWEZO AFRIKA, qui travaille dans le domaine de la santé de la reproduction et de l’éducation sexuelle, organise des séances de sensibilisation avec les jeunes filles et les jeunes garçons adolescents.
Une fois la semaine cette association regroupe les jeunes filles et garçons. Ensemble, ils débattent sur les questions liées à la santé de la reproduction nous renseigne Douce NAMWEZI coordinatrice nationale de cette association.
Douce NAMWEZI ajoute que son organisation approche même les femmes leaders et celles des communautés ecclésiales vivantes communément appelés « Shirika » pour des séances de sensibilisation afin qu’elles soient capables de communiquer avec non seulement les jeunes adolescents mais également avec les parents.
« Le dialogue en famille sur ces questions doit être fréquent pour permettre aux enfants de sexe féminin non seulement de savoir comment se comporter pendant la période menstruelle mais également comment savoir faire le calcul de leur cycle menstruel », conclut la coordinatrice de UWEZO Afrika Douce Namwezi.
La communauté en commençant par la famille doit briser le silence et cesser de considérer les discutions sur la menstruation et la santé de la reproduction comme un tabou.
Les parents, les enseignants et les leaders religieux devraient s’y mettre afin de diminuer les cas de grossesses précoces mais également les avortements volontaires.