Les affrontements récurrents dans les groupements de Mulamba, Kaniola et leurs environs, dans le territoire de Walungu, entre les troupes de l’AFC/M23 et les combattants se réclamant Wazalendo, ont provoqué l’arrêt des activités dans plusieurs centres de négoce et autres lieux jadis animés dans cette partie du Sud-Kivu.
Le centre de négoce le plus emblématique est celui de Kankinda, situé dans le groupement de Mulamba. Considéré comme le deuxième plus important du territoire de Walungu, après Nyangezi ou encore Kamanyola, ce marché est devenu l’ombre de lui-même.
Jadis actif chaque mardi et vendredi, le marché de Kankinda accueillait des commerçants, vendeurs et vendeuses venus de plusieurs localités, dont la ville de Bukavu, les territoires de Mwenga, Shabunda et Kabare, ainsi que d’autres groupements du territoire de Walungu. Mais aucun mouvement ne s’y est effectué depuis bientôt plus de trois mois.
À ce jour, les étalages et boutiques abandonnés tombent en ruine, indiquent des habitants de cette partie du territoire. Les dépôts et commerces qui contenaient encore quelques marchandises ont été pillés, et c’est désormais l’herbe qui pousse çà et là.
Suite à l’inactivité de ce centre de négoce, les habitants de Luntukulu, Nyamarhege, Nzibira, Burhale, Burhuza et de plusieurs autres villages environnants n’ont plus d’endroit où s’approvisionner en produits de première nécessité.
La situation s’est aggravée avec la coupure de tout trafic entre les groupements de Mulamba et celui de Kaniola, principalement Nzibira. Sur ce tronçon routier, les forces combattantes ont détruit les principaux ponts, notamment le pont Nshesha, afin de bloquer le passage des engins des camps adverses.
Par conséquent, les commerçants qui disposaient encore de quelques marchandises dans la contrée n’ont d’autre choix que de transporter leurs effets sur le dos ou sur la tête pour aller les écouler plus loin, ou encore dans des marchés de fortune créés dans les villages où ils se sont réfugiés, explique un défenseur des droits humains.
Par ailleurs, quelques commerçants empruntent des motos en passant par des chemins détournés afin d’écouler leurs marchandises soit à Nzibira, soit dans d’autres endroits encore plus ou moins actifs.
Entre-temps, l’on apprend que, depuis plus de deux semaines, les chauffeurs de camions qui devaient approvisionner les entités comme Kigulube, Isezya et Evary, dans le territoire de Shabunda, n’ont effectué aucun mouvement.
Cette situation provoque une flambée des prix des produits de première nécessité. Par exemple, un sac de farine de maïs ordinaire coûte actuellement 120.000 FC à Nzibira, contre 35.000 à 40.000 FC auparavant, témoigne un habitant. Le prix est encore plus élevé à Isezya ou à Kigulube, souligne pour sa part un opérateur économique qui plaide pour l’ouverture d’un couloir sécurisé afin d’approvisionner les entités en difficulté.
Par Étienne Mulindwa