Plusieurs défis attendent le gouvernement provincial du Sud-Kivu dans le domaine de la justice et des droits humains. Investi le 28 Mai dernier, le gouvernement provincial arrive dans un contexte particulier où la situation des détenus et l’état des lieux des maisons carcérales sont sujets à critique.
Il en est de même du respect des droits de l’homme par les éléments de l’ordre et le rétrécissement de l’espace civique par différentes autorités et cela à tous les niveaux.
Au sujet de la situation des détenus, le nouveau gouvernement prend les fonctions dans un contexte où des rapports des organisations de défense des droits humains ne cessent de dénoncer l’approvisionnement irrégulier ou carrément le manquement d’approvisionnement des prisons en nourritures et médicaments.
En effet, des alertes ne cessent de parvenir à la Rédaction de Radio Maendeleo sur le fait que le gouvernement provincial abandonne la charge de l’alimentation des détenus aux personnes de bonne volonté ou à leurs membres des familles.
Il en ressort que les détenus dont les membres de famille vivent loin de leur lieu de détention se sentent abandonnés et n’attendent que les actions de charité pour trouver de quoi se nourrir.
Il en est de même pour l’approvisionnement en médicament. A ce sujet, très peu de maisons carcérales disposent d’un plateau médical acceptable encore moins un personnel affecté pour la prise en charge des détenus.
L’autre défis reste la mise en place d’une brigade spécialisée dans la protection et la surveillance des détenus à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons et mettre ainsi définitivement fin au phénomène capita général qui est aujourd’hui considérée comme un banditisme autorisé à l’intérieur des prisons.
Bien plus, la question relative au monnayage des visites et d’autres pratiques instaurées au vu et au su de l’administration pénitentiaire exigeant des sommes exorbitantes à des détenus afin de bénéficier d’un traitement de faveur et non être soumis aux traitements inhumains et dégradants à l’intérieur des prisons.
Pour le ministère de la justice et des droits humains, l’autre défi concerne la régularisation des détentions au sein des prisons et autres amigos dans différents commissariats de la police et autres services de sécurité en plus de la réussite d’un pari relatif à l’organisation régulière des audiences foraines afin de désengorger la prison centrale de Bukavu remplie des détenus pour des faits bénins et sur de longues durées.
A ce sujet, il y a lieu de noter que les éléments de la Police et même des militaires gardent les personnes pour des infractions parfois bénignes et pour des longues durées avant de boucler des dossiers par des amendes illégales.
Bien plus, plusieurs rapports des organisations de défense des droits de l’homme font état du fait que le gros de violations des droits humains sont commis par les préposés de l’Etat à savoir les policiers, les militaires et parfois les autorités politiques et administratives.
Dans ce contexte, le nouveau Gouverneur et son ministre de la justice devront alors travailler de manière à inverser la tendance et surtout porter haut le plaidoyer visant à rapprocher davantage la justice des justiciables, permettre aux habitants d’avoir accès à une justice équitable mais aussi assurer le suivi des travaux en cours de la prison centrale de Bukavu dans le groupement de Miti en territoire de Kabare.
Par Etienne Mulindwa